De bons présages (Sir Terry Pratchett et Neil Gaiman)

Roman de Terry Pratchett et Neil Gaiman publié en 1990 sous le titre Good Omens. La traduction française de Patrick Marcel paraît en 1995 aux éditions J’ai Lu.

Présentation de l’éditeur:

L’Apocalypse aura lieu samedi prochain, après le thé! Ainsi en ont décidé, d’un commun accord, les forces du Bien et celles du Mal. L’Antéchrist va fêter ses onze ans. Son éducation a été supervisée par un ange, Aziraphale, et un démon, Rampa, résidant sur Terre depuis l’époque de la première pomme. Mais voilà, suite à un coup du sort, l’enfant a été échangé à la maternité. Le véritable Antéchrist se nomme Adam et vit dans la banlieue de Londres. Et ça, ça change tout! Une course contre la montre commence alors pour l’ange et le démon qui, finalement, se disent que la race humaine ne mérite pas son sort…

« Life is too important to be taken seriously » (« la vie est une chose trop importante pour être prise au sérieux ») ( Oscar Wilde)

Je connais le style de Terry Pratchett, cocasse et drôle, toujours critique mais aussi cynique parfois, que j’ai découvert avec la huitième couleur et le huitième sortilège, de son cycle du Disque-Monde. J’avais beaucoup aimé cette irrévérence et cette parodie de fantasy. Je connais également Neil Gaiman, dont j’ai eu l’occasion de lire la mythologie viking, une sorte de vulgarisation des Eddas qui s’est avéré être comique par moment, grâce à certains traits caricaturaux de quelques personnages. Je me suis donc dit, en voyant le roman De bons présages, que cela ne pouvait être que drôle et critique à la fois. J’ai eu raison.

Dans ce récit aux multiples points de vue, nous suivons Rampa le démon et Aziraphale l’ange, qui se connaissent depuis une éternité (huhu^^) et qui sont bien plus amis qu’ils ne veulent bien l’admettre, mais également un jeune adolescent prénommé Adam et ses amis. Nous croisons aussi les quatre cavaliers de l’Apocalypse et la descendante d’une prophétesse du XVIIe siècle, entre autres. Tous ces personnages entraînent le lecteur vers un seul but: l’Apocalypse est en marche, elle est sur le point de se produire, allons donc assister de près à son déclenchement en nous rendant sur les lieux de l’épicentre.

C’est ainsi que le lecteur se trouve embarqué dans une course contre la montre, l’occasion de faire le tour une dernière fois du monde dans lequel nous vivons et de remettre en question tout ce qui cloche dans nos si belles sociétés. La religion est la première visée, notamment à travers les personnages de Rampa et Aziraphale, mais également de ce jeune Antéchrist qui s’ignore. Il est aussi question d’écologie et d’environnement, de surconsommation.

« — Et bien, monsieur, je regrette de vous le dire, mais vos calottes polaires sont en dessous des normes admises pour cette catégorie de planète, monsieur. »

Ou encore par exemple :

« Niveau de CO2 en augmentation d’un demi pour cent, grinça-t-il en lui coulant un regard lourd de sous-entendus. Vous savez qu’on pourrait vous accuser de conduire le destin de la planète sous l’influence d’un consumérisme incontrôlé? »

Il est également sujet des guerres et de la violence en général, parfois provoquées pour des choses absurdes.

« Les lumières se rallumèrent. La civilisation interrompit sa glissade vers le chaos, et commença à rédiger des lettres aux journaux, pour déplorer cette façon qu’avaient les gens de s’énerver de façon disproportionnée pour les raisons les plus futiles, de nos jours. »

Je me suis régalé avec ce récit. Drôle et critique à la fois, il ne se prend pas au sérieux et soulève pourtant des sujets qui le sont. Il est cependant triste de se dire que ce roman a été publié en 1990, et qu’aujourd’hui, en 2023, il n’a pas pris une ride. Tout ce qui y est évoqué est toujours d’actualité de nos jours, plus que jamais. Que ce soit au niveau écologique et climatique, mais également par le déchaînement de violence non plus dans les journaux mais sur les réseaux sociaux (oui, X (anciennement Twitter), c’est de toi et de tes usagers toxiques toujours à l’affût de créer une polémique là où il n’y en a pas ou ne devrait pas y en avoir dont je parle) ou même carrément dans la rue et les établissements scolaires. J’ai apprécié, et je ne sais pas si c’était volontaire et conscient ou pas de la part des auteurs, de voir qu’ils font collaborer ensemble des personnages aussi différents qu’un ange et un démon pour le bien commun. Ces deux créatures que tout oppose se côtoient depuis des centaines d’années et malgré leurs différences se respectent. Si seulement l’être humain pouvait en prendre de la graine !

En tout cas, malgré le constat affligeant concernant l’humanité et ses dérives pointées du doigt dans ce roman, les auteurs veulent avoir confiance en l’être humain, car jamais ils ne tombent dans le pessimisme, et pourtant il y aurait de quoi ^^ . Alors comme eux, gardons le sourire ! Et lisez ce récit, c’est sympa et drôle, idéal pour sortir de la morosité du quotidien.

Infos sur le livre:

Édition présentée: J’ai Lu (1995). Titre original: Good Omens. Traduit de l’anglais par Patrick Marcel. ISBN/EAN13: 9782290315866.

Également disponible au format numérique.

Pour aller plus loin:

Ce roman a été adapté en série, financée par Amazon et diffusée sur BBC et Prime Video . En voici la bande annonce :

Lecture faite dans le cadre du Club de Lecture VendrediLecture

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