Dans la ville aux murs gris, aux rues de goudron terne, elle marche parmi la foule aux visages éteints. On la repère facilement, avec sa longue chevelure flamboyante, ses vêtements aux couleurs chatoyantes, au milieu de ces gens habillés de gris, de noir, de bleu foncé. Son regard est toujours mobile, comme cherchant quelque chose, alors que les autres piétons qui évoluent autour d’elle restent fixés sur leur écran de smartphone ou juste au sol devant eux.
Elle s’arrête parfois, et observe avec des yeux émerveillés quelques brins d’herbe qui s’épanouissent dans une fissure du bitume. Elle sourit devant une fleur éclose ayant pris racine le long d’une façade. Elle regrette parfois de ne pas avoir la chance d’avoir un jardin, de ne pas pouvoir habiter ailleurs que dans cette mégapole surpeuplée et puante, où même le ciel est d’un gris morne et triste. Alors pour ne pas devenir comme les autres habitants, elle garde la tête haute, et s’efforce d’être une fleur colorée, bien épanouie au milieu de cette grisaille de béton déprimante. Elle a pris conscience depuis pas mal de temps que cela n’avait malheureusement aucune incidence sur les autres. En tout cas, rien ne lui a permis de constater que cela avait un effet positif sur eux. Mais elle continue. Pour elle. Parce qu’elle veut rester telle qu’elle a toujours été, optimiste, curieuse, et avant tout joyeuse, à défaut d’être véritablement heureuse. Elle continue à sourire gaiement aux personnes qui croisent furtivement son regard, elle continue à fredonner doucement en marchant dans la rue.
Son esprit est un jardin qu’elle cultive avec soin de belles lectures, de belles images. Son cœur est couvert de fleurs dont elle dissémine les graines en étant elle, tout simplement. Qui sait si certaines ne germeront pas, même chez des personnes à la démarche mécanique et au regard vague, apportant ainsi une touche de couleur, de joie, dans un monde gris, terne, triste et pratiquement éteint ?
Pour rappel, je suis l’autrice de ce texte et donc: article L. 111-1 du code de la propriété intellectuelle (CPI) « l’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d’ordre patrimonial »
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